Charles-Henri-François COUCHE

(1815-1879)

Fils de Jean-Pierre COUCHE, colonel du génie, et de Marie Eléonore FLEURY. Frère de Edouard COUCHE (1832-1885 ; X 1849, ingénieur des ponts et chaussées) et de Joseph Marie Eugène COUCHE (né en 1813 ; X 1829, ingénieur des ponts et chaussées qui travailla aux Chemins de fer du Nord).
Charles-Henri-François COUCHE fut élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1833 ; entré classé 48, sorti classé 4 sur 140 élèves) et de l'Ecole des Mines de Paris (entré classé 3 sur 3 élèves en 1835, sorti en 1839, nommé ingénieur du corps des mines le 5 mai 1840).

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Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III :
Né le 24 juillet 1815, mort Inspecteur général le 24 juillet 1879, il professa de 1846 à 1879, pendant trente-trois ans le cours de chemins de fer à l'Ecole des Mines de Paris. Dans le magistral Traité par lui publié sur la voie, le matériel roulant et l'exploitation technique des chemins de fer, on ne sait ce qu'on doit le plus admirer de l'habileté de l'auteur à soumettre au contrôle de la théorie les objets qui semblent le moins s'y prêter, du sens pratique avec lequel il analyse les conditions multiples de chaque problème et fait ressortir leur importance relative, de l'indépendance, de la sûreté et de la pénétration de sa critique, de l'abondance d'informations sur ce qui a été non seulement écrit, mais fait tant en France qu'à l'étranger. Sans doute, suivant la loi fatidique de toutes les contingences, l'ouvrage a vieilli, les types décrits ont fait place à d'autres, mais on ira toujours chercher dans ce maître livre l'exposé lumineux des principes et leur discussion à la fois savante et pratique.
L'enseignement et les publications de Couche ont eu leur valeur relevée par une diction et un style d'un tour original et incisif qui lui ont valu, au cours de sa carrière, plus d'ennemis que d'amis.

1849 : Secrétaire, commission des Annales des mines
1852 : Chevalier de la Légion d'honneur
1852 : Membre de la commission des machines à vapeur du département de la Seine
1857 : Chef du contrôle, Compagnie des chemins de fer de l'Est et des Ardennes
1868 : Chef du contrôle, Chemins de fer PLM
1877 : Président, Commission des inventions et règlements
1878 : Président du jury, Matériels de chemin de fer, à l'Exposion universelle

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. CHARLES COUCHE, INSPECTEUR GÉNÉRAL DES MINES.
Par MM. RÉSAL, ingénieur en chef, professeur à l'École des mines, Membre de l'Institut, et VICAIRE, ingénieur, professeur à l'École des mines.

Publié dans Annales des Mines, 7e série t. 17, 1880.

Le 24 juillet 1879 s'est éteint, dans sa 65e année, un des membres les plus éminents du Corps des mines, M. Charles Couche, inspecteur général, professeur de construction et de chemins de fer à l'École nationale des mines. Qu'il me soit permis de rendre hommage à la mémoire d'un homme considérable de notre siècle, qui a été successivement mon maître, mon collaborateur, mon ami et mon chef. [C'est M. Résal qui s'exprime].

Né le 24 janvier 1815, M. Couche sort de l'École polytechnique en 1835 avec le titre d'élève-ingénieur des mines. A partir de 1839 il est chargé successivement des sous-arrondissements minéralogiques de Bordeaux et du Mans; puis il passe, sous les ordres de M. l'ingénieur en chef Fournel, au service de l'Algérie.

Le 13 octobre 1846, M. le sous-secrétaire d'État des travaux publics, l'illustre M. Legrand, qui savait si bien choisir les hommes, le charge de faire des conférences à l'Ecole des mines sur l'exploitation des chemins de fer. Ces conférences sont transformées en 1848 en un cours régulier de construction et d'exploitation des chemins de fer, dont il a occupé la chaire jusqu'à sa mort.

Le 5 décembre 1849, M. Couche est nommé secrétaire de la Commission des Annales des mines; il donne une impulsion nouvelle à cette publication périodique, si utile aux savants, aux ingénieurs et aux industriels.

En 1852, il fait partie de la Commission des machines à vapeur du département de la Seine.

Le 8 mars de la même année, il est chargé, comme ingénieur ordinaire, d'une section du contrôle de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon.

Le 20 août 1855, il est nommé ingénieur en chef; après une interruption dans le service actif, tout en conservant ses fonctions de professeur, on le retrouve en 1857 chef du contrôle des chemins de fer de l'Est et des Ardennes.

Le 25 février 1868, il devient inspecteur général, et, le 5 mai de la même année, chef du contrôle des chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée.

A notre grande exposition de 1878, il est nommé, pour la classe 64 (matériel des chemins de fer), président du Jury, juste hommage rendu à une célébrité par des ingénieurs de premier ordre.

Le 1er janvier 1879, il arrive à la première classe de son grade.

La première production de M. Couche est une
Note sur l'emploi du coke dans les locomotives et sur les expériences faites en Autriche pour substituer au bois les houilles et les lignites de Bohême pour le service des chemins de fer. L'auteur s'attache surtout, dans ce mémoire, à donner des conseils sur le mode de chargement des combustibles sur les grilles.

Dans le même volume, nous trouvons un travail intitulé : « Sur la nouvelle locomotive Crampton ». Cette note avait surtout un caractère d'actualité et il n'y a pas lieu d'insister sur ce sujet.

Le tome XX de la série ci-dessus désignée renferme un mémoire de M. Couche, ayant pour titre : « Analyse et discussion des nouvelles expériences faites, principalement en Angleterre, sur la résistance de la fonte, du fer et de quelques autres matériaux ». Ce qui résulte surtout de ce savant mémoire est une conception très ingénieuse servant à expliquer la fracture pyramidale de blocs parallélipipédiques. A ce sujet, l'auteur remet en vigueur une idée de Navier sur les ruptures par glissement, qui avait été complètement oubliée et qui est rentrée finalement dans le domaine de l'enseignement des écoles d'application.

Un mémoire intitulé : « Des progrès des machines locomotives et de leur influence sur les conditions d'établissement des chemins de fer », se trouve inséré au tome Ier de la 5e série des Annales des mines.

M. Couche a publié, dans le tome III de la 5e série des Annales des mines, une note «sur les contre-poids appliqués aux roues motrices des locomotives et les limites qu'il convient de leur assigner », travail dans lequel l'auteur fait nettement ressortir le danger que présente le mode arbitraire de décomposition des forces dans les systèmes articulés.

L'un des mémoires les plus remarquables de M. Couche, qui a produit une grande sensation parmi les ingénieurs, est une « Étude sur les chemins de fer d'Allemagne » (T. V, VII, XI de la 5" série des Annales des mines].

Il serait trop long d'analyser en détail toutes les autres publications de M. Couche sur les chemins de fer; nous ne pouvons cependant passer sous silence un ensemble de travaux qui représente une part importante de son activité et non la moins considérable par les résultats.

Nous voulons parler des nombreux rapports qu'il a eu à présenter à l'Administration, soit en son nom personnel, soit au nom de diverses commissions : moyens d'empêcher les incendies causés par les locomotives, emploi de la houille crue et fumivorité, emploi de la tôle d'acier fondu dans les chaudières à vapeur, freins automoteurs, étude de locomotives nouvelles ; tels sont les principaux sujets traités dans ceux de ces rapports que les Annales des mines ont recueillis, sans parler de ceux, en très grand nombre, qui n'ont pas été publiés.

Tous ces travaux sont venus se fondre dans le grand ouvrage que M. Couche a publié de 1867 à 1874 sous le titre de : Voie, matériel roulant et exploitation technique des chemins de fer, dont les trois volumes compacts résument trente années de son existence.

Dans ce vaste travail, M. Couche n'a point prétendu épuiser toutes les questions, même purement techniques, que présentent les chemins de fer. Jaloux d'aller toujours au fond des choses et de ne pas accepter les opinions toutes faites, il a laissé de côté, ainsi qu'il en fait lui-même la remarque, des questions importantes, comme celle des signaux et celle de la disposition des gares, questions de combinaisons qui, avec celle du tracé, également étrangère à son programme, constituent en quelque sorte la géométrie des chemins de fer. 11 s'est attaché à ce qui concerne l'établissement de la voie, la construction et le fonctionnement des machines locomotives et du matériel roulant en général, toutes questions qui relèvent surtout de la mécanique. Sur ce terrain, où l'attiraient de préférence la destination spéciale des jeunes ingénieurs auxquels s'adressait son enseignement à l'École des mines et, semble-t-il, les tendances de son esprit, il sentait qu'il pouvait se mouvoir en maître et il a élevé, en effet, un édifice magistral.

En lisant ce traité, on ne sait ce qu'on doit le plus admirer, de l'habileté de l'auteur à soumettre au contrôle de la théorie les sujets qui semblent le moins s'y prêter, du sens pratique avec lequel il analyse les conditions multiples de chaque problème et fait ressortir leur importance relative, de l'indépendance, de la sûreté et de la pénétration de sa critique, d'une part, et d'autre part, de l'abondance d'information qu'il révèle, non seulement sur ce qui a été écrit, mais chose plus rare, sur ce qui se fait en France et à l'étranger, surtout en Allemagne. Si ce dernier genre de mérite contribue dans une large mesure à l'utilité immédiate de l'ouvrage, notamment à raison des planches qui accompagnent celui-ci, et qui, ne représentant que des objets réellement exécutés, à l'échelle, avec les cotes et les détails d'exécution, fournissent à l'ingénieur une collection précieuse de modèles bien choisis, les autres qualités lui assurent une durée supérieure à celle qui est trop souvent réservée aux ouvrages relatifs à l'industrie. Longtemps après que les planches auront vieilli, que les types décrits par l'auteur auront fait place à d'autres, on ira chercher dans le livre de M. Couche l'exposé lumineux des principes à observer et le modèle d'une discussion à la fois savante et pratique.

Dès à présent, le public des ingénieurs a sanctionné par un accueil empressé le mérite de l'ouvrage, qui a été traduit en plusieurs langues, notamment en allemand et en anglais.

De nombreux voyages, une correspondance étendue et un labeur acharné, passionné, pourrait-on dire, mis au service d'une haute intelligence, ont seuls permis à M. Couche de mener à bonne fin cette oeuvre immense, comme ils lui ont permis de traiter avec une égale supériorité les deux cours, bien distincts en réalité et, de fait, séparés après sa mort, dont il était chargé à l'École des mines, le cours de constructions industrielles et celui de chemins de fer.

Professeur non moins remarquable qu'habile écrivain, M. Couche s'exprimait avec une rare facilité, et sa manière incisive, son talent d'exposition, les conceptions nouvelles dont il enrichissait successivement ses leçons, rendaient sympathique à ses élèves l'abord des questions les plus ardues.

Après l'achèvement de son grand ouvrage, il semblait que son activité dût manquer d'aliment. Sa nomination, le 20 novembre 1877, à la présidence de la Commission des inventions et règlements vint y pourvoir, surtout lorsque cette Commission, transformée en Comité de l'exploitation technique des chemins de fer, vit s'accroître le champ de son action. L'ardeur avec laquelle il se donna à ses nouvelles fonctions n'a peut-être pas été étrangère à sa fin subite et prématurée.

Cette même ardeur avec laquelle il se portait en toute circonstance à ce qui lui paraissait être conforme à la vérité et à l'intérêt public, la liberté de son franc parler et la vive allure de sa plume qui, dans ses écrits spéciaux, vient souvent animer d'une piquante saillie la discussion la plus technique, ont pu quelquefois causer des blessures à ceux dont les vues entraient en conflit avec les siennes. Chacun du moins rendait hommage à la droiture de ses intentions, à la loyauté de ses procédés, et, dans une occasion éclatante, il sut montrer que la considération de ses intérêts et le soin de ménager sa situation n'étaient pas ce qui le dirigeait.

D'ailleurs il acceptait volontiers la discussion de ses idées comme il savait reconnaître à l'occasion les écarts de son humeur. Chez lui, point de parti pris, point d'esprit de coterie, et bien des ingénieurs dont il s'est fait le patron sans les connaître autrement que par leurs oeuvres lui gardent une profonde reconnaissance.

La mort de M. Couche a fait perdre en même temps à la France un ingénieur remarquable et un savant très distingué.

Source : http://www.annales.org/archives/x/couche.html
Merci à Gilles THOMAS pour ces infos

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