André PATUREAUX

(1909 - 1995)

Le 21 octobre 2004 le Conseil Municipal de Reims décide de dénommer une voie ouverte dans le quartier dit « Cité du Dépôt »
Allée André Patureaux
1909-1995
Résistant—Déporté Officier de la Légion d’Honneur

L’Inauguration à eu lieu le lundi 17 octobre 2005 à 11 heures
En présence de M.Jean-Louis Schneiter Maire de la Ville de Reims.

Madame Marcelle Patureaux 89 ans son épouse, entourée de ses enfants Jocelyne et Joël, de ses petits enfants et arrière-petits-enfants assistait émue à cette cérémonie qui honorait la mémoire d’André.

Nord-Est Immobilière des chemins de fer, bâtisseur du lotissement a tenu à le nommer « Résidence André Patureaux », cheminot militant qui s’est illustré par ses actions de résistance.

Discours de Monsieur André Frossart, président de Résistance-Fer à l'occasion de la remise de la légion d'honneur d'André Patureaux

Cher ami,
Voici plus de douze ans que Résistance-Fer a déposé un premier dossier au Ministère de la Défense pour demander que te soit décernée la CROIX d’OFFICIER DE LA LEGION d’HONNEUR. Depuis, inlassablement et malgré les réponses évasives et dilatoires reçues, ce dernier a été, chaque année, à nouveau présenté ! Enfin, cette année où l’on célèbre le cinquantième anniversaire des débarquements et du commencement de la Libération de la France, justice t’est rendue et tu vas recevoir dans quelques instants cette croix prestigieuse qui ne sera jamais que la reconnaissance de tes éminents mérites dans la Guerre et dans la Paix. Permets- moi d’abord de retracer brièvement quelques-uns de ces mérites. Après ton service militaire dans l’artillerie, tu es mobilisé le 2 octobre 1939 à la 13ème batterie de repérage d’artillerie devant Thionville. Lors de l’invasion de Mai/juin 1940, quoique encerclé par des forces supérieures, tu perces les barrages et sauves hommes et matériel. Démobilisé le 18 juillet 1940, tu reprends ton service au Dépôt SNCF de Reims où tu étais entré ajusteur le 28 novembre 1936. Mais ton patriotisme ne peut supporter la présence des « vert de gris », et, au moment où tant de Français ne cherchent qu’à subsister, abasourdis par la brutalité de la défaite de cette armée victorieuse 22 ans plus tôt, à faire le dos rond devant l’occupant, anesthésiés par la rassurante présence d’un vieux maréchal encore auréolé de Verdun, tu cherches le contact avec ceux qui veulent réagir. Dès mars 1941, j’insiste : mars 1941, tu entres dans la lutte au sein de TURMA-ACTION-VENGEANCE. Il y en avait peu déjà en action en mars 1941.

On te confie d’abord le soin de récupérer et stocker les armes abandonnées lors de la débacle. Début 42, tu es chargé des renseignements sur les mouvements de troupe. En août tu constitues des équipes de sabotage et tu diriges le sous-secteur de Reims. En passant aux actes, tu participes aux sabotages, notamment à l’aide d’explosifs mais aussi en organisant des sabotages techniques sur les locomotives afin d’éviter les représailles. Tu fais aussi disparaître les pièces de machines en réparation, notamment des pompes hydrauliques, qui seront retrouvées après la Libération. Ces sabotages créent de sérieuses perturbations dans les transports provoquant de nombreuses descentes de la Gestapo. Tu participes aussi aux parachutages et à la distribution des armes et explosifs.

Arrive décembre 1943. Un aviateur demande à passer en Angleterre. Tu donnes les renseignements nécessaires mais tu es dénoncé et arrêté. Quatre mois à Robespierre et les interrogatoires de la Gestapo, rue Jeanne d’Arc. Malgré les sévices, tu ne faiblis pas. Le réseau est sauvé. Compiègne, et le 28 avril 1944, c’est le convoi des tatoués vers Auschwitz. Tu connaîtras aussi le régime concentrationnaire des camps de Buchenwald, en mai, Flossenburg, en décembre et Dachau, en février 1945.

La citation qui accompagne la concession de la Médaille Militaire résume tout cela en quelques mots dont la concession nécessite de les méditer un à un :
- Responsable du groupe de sabotage SNCF.
- Homme d’un courage et d’un sang-froid hors pair, arrêté à la suite d’une dénonciation, donnera la mesure de ses qualités en ne révélant rien malgré les tortures subies lors de ses interrogatoires.

Déporté, a, au camp la même attitude de courage. Bel exemple de patriotisme et de foi dans la victoire de son pays.

Mais de pareilles épreuves se paient très cher. Ton état de santé n’a pas permis de te rapatrier dès la Libération du camp. Tu ne reviendras à Reims que le 1er juin 1945 très affaibli et il faudra un an de repos avant que tu puisses reprendre ton travail au dépôt. Tu devras même abandonner l’idée d’une carrière à la conduite des locomotives. Et jusqu’à la disparition de la vapeur, tu mettras tout ton cœur au service du TIA, traitement intégral Armand, qui éliminait le tartre dans les eaux de chauffe.

Pensionné à 100% + statut de GM et GI, lieutenant honoraire, tes services de résistance ont été ainsi reconnus : Homologué agent P1 au Réseau Action Vengeance des FFC du 1er mars 1941 au 6 décembre 1943 et agent P2 au même réseau du 7 décembre au 3 juin 1945,
Citation à l’Ordre du régiment et de la division,
Médaille commémorative des Services Volontaires dans la France Libre,
Croix du Combattant volontaire 1939-1945,
Croix du Combattant et du CVR,
Médaille de la Déportation,
Médaille Militaire accompagnée d’une citation à l’Ordre de l’Armée,
Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.

Mais tout cela, c’est ton passé de Résistant. Beaucoup, rentrés malades, n’auraient songé qu’à retrouver une tranquillité bien méritée. Mais, dès que possible, tu reprends contact avec les camarades de combat et dans chacune de leurs associations, tu participes avec efficacité et constance à leurs travaux aux postes de responsabilité.
C’est bien sûrs le cas à Résistance-Fer mais aussi aux Français Libres, à l’UNADIF, à l’Amicale Action-Vengeance, aux Déportés Tatoués, à l’UFAC et à l’Office Départemental des Anciens Combattants. Cela te vaudra en Mai 1985 la Croix d’Officier de l’Ordre National du Mérite.
Venant couronner ce parcours exceptionnel dans le patriotisme, le courage, le dévouement et le bénévolat, le Ministre de la Défense vient, enfin, de te décerner la Croix d’Officier de la Légion d’Honneur que je vais avoir maintenant l’honneur et le plaisir de te remettre.

"Lieutenant André Patureaux, au nom …"

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