Paul Camille VON DENIS

(1795 - 1872)

C'est le fils aîné d'un forestier français né le 26 juin 1795 au château "Les Salles" à Montier-en-Der dans le département de la Haute-Marne. Sa famille arriva en 1799 à Mayence avec la nomination de son père comme inspecteur des Forêts du département du Mont-Tonnerre.

Paul - Camille DENIS y fréquenta l'école élémentaire et le lycée. Il poursuivit ensuite des études à Paris pendant deux ans à Louis-le-Grand (1813). Il est admis à l'École Polytechnique avec la promotion 1814. A la mort de son père, le 21 janvier 1816 à Neustadt, Paul - Camille DENIS revient en Palatinat et entra dans le service public bavarois comme stagiaire spécialisé dans la construction des routes.

Il engage les projets de construction à Kaiserslautern d'une prison de 500 places sur les ruines du Château du Comte palatin Jean-Casimir et du palais de l'empereur Barbarossa, du presbytère de l'église Saint-Martin et de la maison décanale de Rittersberg.
Il est nommé en 1822 ingénieur inspecteur à Speyer où il fut d'abord ingénieur responsable de la construction du chemin de fer à Landau et à Germersheim, puis, à partir du 31 octobre 1826, il exerça son activité d'ingénieur de 1ère classe à Zweibrücken (Deux-Ponts).

Les idées libérales, sa participation en 1831 à la Hambacher Fest interdite ainsi que la signature en 1832 de revendications politiques provoquèrent sa mutation à Rosenheim. Il voyage en 1833-1834 aux États-Unis et en Angleterre et s'intéresse aux progrès techniques de la construction des canaux et des chemins de fer.
De retour à Deux-Ponts en mars de l'année suivante, il reçut la mission de construire le canal Main-Danube dont la construction s'acheva le 2 juillet 1845.

Le 12 mars 1835, Paul von Denis est nommé ingénieur de la circonscription d'inspection de la construction de Munich 1 dans laquelle il construisit la première voie ferrée de Nuremberg à Fürth sur laquelle circula le premier train le 7 décembre 1835.

En 1845, on lui confia la mission de construire le "Pfälzische Ludwigsbahn" pour relier Ludwigshafen à Schifferstadt, Speyer, Neustadt et Bexbach. En octobre 1849, le conseil d'administration du Pfälzischen Ludwigsbahn le choisi comme directeur de l'exploitation.

Il fut propriétaire du château de Diemerstein. C'est là qu'il fit construire une villa pour lui et pour sa femme Henriette Vautrot qu'il avait épousée le 6 septembre 1821 à Void (Meuse). Il demande sa mise à la retraite en 1866. Après la mort de sa femme en 1868, il choisit la ville de Bad-Dürkheim pour résidence. Le constructeur des chemins de fer du Palatinat décède le 3 septembre 1872 et repose dans la tombe familiale au cimetière Sainte-Hélène à Strasbourg entretenue par les chemins fer allemands.

En sa mémoire, le centre scolaire de Schifferstadt, qui comporte un lycée, une école professionnelle, une école primaire et un gymnase porte le nom de cet ingénieur français : Paul - Camille von Denis. Pour les 150 ans des chemins de fer allemands, l'association des ingénieurs ferroviaires allemands (VDEI), inaugura le 13 juin 1985 à l'occasion de la journée internationale des ingénieurs ferroviaires un bas-relief en bronze pour honorer Paul - Camille von Denis au Musée des transports de Nuremberg.

Paul Camille Denis a obtenu la particule “VON” en 1852, de la part du roi de Bavière Maximilian II (fils du roi Ludwig I) en remerciement de la construction du chemin de fer du Palatinat.

Histoire de l'ancienne compagnie Pfälzische Ludwigsbahn

Kaiserslautern se trouve sur la ligne de Bexbach-Grenze à Ludwigshafen, ancienne compagnie Pfälzische Ludwigsbahn. Actuellement au kilomètre 43,700 de la ligne de Saabrücken-Hbf à Mannheim-Hbf.

Arrêtons-nous à Kaiserslautern, ville de Rhénanie-Palatinat. C'est vers 830 que la cour du roi Lutra est mentionnés pour le première fois dans un document : le Lorscher Reichurbar. Vers 1186, l'empereur Friedrich I dit Barbarossa y fonde l'hôpital. Les remparts sont construits entre 1300 et 1340. Durant le Guerre de Trente ans (1635-1665), elle est occupée par les troupes espagnoles et suédoises qui laissent cette petite ville moyenâgeuse ravagée et exsangue. En 1703, les Français détruisent la ville.

Lazare Hoche attaque les Coalisés à Morlautern devant Kaiserslautern en novembre 1793, mais il échoue. Il décide alors d'abandonner le combat et se replia sur les positions de Pirmasens, de Hornbach et de Deux-Ponts. Il réorganise son armée de Moselle, se regroupe avec l'armée du Rhin et remporte la bataille de Wœrth le 22 décembre 1793. Hoche met en déroute les Prussiens avant de faire de même avec les Autrichiens. Après la paix de Lunéville en 1801, sous Napoléon, Kaiserslautern devient une sous-préfecture du département du Mont-Tonnerre, puis devient bavaroise le 1er mai 1816 ainsi que le Palatinat après le traité de Vienne.

L'Allemagne est divisée par de nombreuses frontières politiques. Au début, les gouvernements montrèrent peu d'enthousiasme pour les chemins de fer. Les routes étaient encore très mauvaises et l'on considérait que les investissements disponibles devaient leur être réservés en priorité. Cependant, le roi Louis de Bavière, fervent adepte des chemins de fer, envoya des hommes étudier les chemins de fer britanniques et français. Grâce à lui, le premier chemin de fer allemand fut construit en 1835, reliant Nuremberg à Fürth sur une longueur de 8 km. Les travaux durèrent 8 mois.

Vers 1840, le tracé du futur réseau germanique obéissait à une conception d'ensemble inspirées par la Prusse et dictée par des impératifs d'ordre économique, politique, voire même stratégique. Il s'agissait en effet de resserrer davantage les liens qui unissaient les États Allemands et de contribuer à la création d'une Grande-Allemagne unifiée.
Après l'essai de Nuremberg-Fürth, et de négociations entre les puissants intérêts prussiens, en particulier le bureau de l'industrie minière de Sarrebruck qui négociait un chemin de fer entre Sarrebruck et Mannheim, et les intérêts bavarois, Louis de Bavière demanda par édit royal, pour transporter le charbon sarrois rapidement et économiquement, de construire un chemin de fer traversant le Palatinat vers les ports rhénans avec comme point frontière Bexbach. Pour cette réalisation, il crée le 30 mars 1838 la Bayerische Pfälz-Rheinschanz-Bexbacherbahn qui deviendra en mai 1844 la Pfälzische Ludwigsbahn. La construction de la ligne fut réalisée pour 1848-1849. Si la voie de Bexbach (encore aujourd'hui, la plus vieille gare de Sarre) à Kaiserslautern s'établit sans grande difficulté, il fallut 473 ponts et 12 tunnels pour arriver au Rhin, dont une prouesse technique pour l'époque : le tunnel d'Heiligenberg de 1 347 m. En fin 1846, nous pouvons déjà décompter les livraisons de près de 10 000 tonnes de rails, de 200 aiguillages, de 22 plaques tournantes de 3,5 m à 10,5 m, 16 châteaux d'eau métalliques, 15 grues à eau, 15 stations de pompage, 14 locomotives, 30 voitures et, pour Kaiserslautern, la création d'un atelier ferroviaire en 1846 qui sera profondément remanié en 1912.

Dans la halle aux fruits construite par Louis de Bavière pour la ville de Barbarossa en 1843-1849, un "gouvernement provisoire" révo-lutionnaire est formé en mai 1849 et proclame l'indépendance du Palatinat vis-à-vis de la Bavière. Avec la création d'une filature de fils peignés en 1857, l'installation d'une usine à gaz en 1858, la fondation de l'usine de machines à coudre Pfaff en 1862, … , Kaiserslautern devient la première place industrielle du Palatinat.

A la suite de la Grande-Guerre, l'occupation de la France prend fin le 30 juin 1930.

Pour le centenaire des chemins de fer allemands en 1934-1935, l'atelier de réparation ferroviaire de Kaiserslautern construisit une réplique de l'"Adler", première locomotive ayant circulée en Allemagne et réformée en 1857. En application du dicton ferroviaire "Wer rastet, der rostet" (Qui se repose, rouille), l'Adler a été complètement révisée par les ateliers de Meiningen pour les 150 ans de chemins de fer en Allemagne en 1985.

Durement touchée par les bombardements en 1944-1945, Kaiserslautern devient au début des années '50 la plus grande garnison américaine en Europe et son équipe le FC Kaiserslautern, par deux fois, est sacrée championne d'Allemagne de football. En 1975, les dernières locomotives à vapeur jettent les feux au dépôt de Kaiserslautern. Les dernières locomotives à vapeur au dépôt de Kaiserslautern en 1973 A la croisé d'un carrefour du quartier ouest industriel de Kaiserslautern, nous pouvons découvrir ce panneau indicateur de rues portant l'indication "Denisstraße". Qui était Denis pour avoir l'honneur d'avoir un nom de rue à Kaiserslautern ?

Paul Camille VON DENIS
DB - Kaiserslautern
Portraits de Paul Camille VON DENIS
Merci à Emmanuel LEDOUX
Centre de Géosciences
Ecole des Mines de Paris/UMR7619 Sisyphe

 

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